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Témoignage de Sidonie Hadoux, journaliste, réalisatrice, Lille

Je suis journaliste pigiste basée à Lille. Pour autant, j'ai laissé la pige de côté depuis un an pour me consacrer à la réalisation de films documentaires et la mise en place d'un projet d'éducation aux médias dans la région, Globe Reporters Environnement. En ce qui concerne ce projet, nous étions dans la phase de rédaction des articles avec les élèves, et nous devions les publier dans la Voix du Nord. L'arrêt des cours va très certainement perturber le déroulement du projet. Je reste néanmoins en contact avec les professeures et j'essaye d'aider les élèves à distance mais je comprend que le projet ne soit pas leur priorité actuellement. D'autres partenariats sont tombés à l'eau : deux ateliers de réalisation avec des jeunes et un reportage en maison de retraite. Tout cela était rémunéré et représente une perte de revenus non négligeable.  Par ailleurs, j'organisais une exposition collective à la fin du mois, elle est annulée. J'avais mis en scène un journal vivant avec quatre autres journalistes. Nous devions jouer en librairie et dans un lycée, c'est annulé. Après, outre le fait que je ne sorte plus, je continue de travailler chez moi comme je l'ai toujours fait. Cela ne change rien pour ma part en termes de condition de travail car mon bureau a toujours été à la maison. Dans le cadre du confinement, le quotidien de beaucoup de journalistes à la pige est mis en difficulté : commandes annulées en raison de la réduction de pagination, ou de la suppression des événements à couvrir, parfois aussi un recentrage des rédactions sur les seuls journalistes titulaires.

Au sujet de mon activité de réalisatrice, là aussi, la sortie du documentaire que je viens de terminer est perturbée : les festivals dans lesquels nous devions être projetés sont reportés ou annulés, et l'avant-première est repoussée. Je devais commencer les repérages et le tournage d'un second film mais les personnages sont désormais confinés et les événements que je devais filmer sont annulés. Il m'est aussi impossible de louer du matériel car le parc de matériel de Pictanovo ( le pôle-image en région) est fermé. Le point positif : j'ai dû temps pour écrire le dossier du film. Et oui, un documentaire, ça s'écrit, du résumé au séquencier. C'est important pour nous aider à développer nos intentions, et le propos du film. Le dossier est ensuite envoyé à des institutions qui pourront juger de nous financer ou non. Je vais donc profiter du confinement pour écrire, lire, écouter des podcasts, afin de me documenter sur mes sujets en cours, et les prochains : toute cette partie "recherche/documentation" fait partie intégrante de notre travail, que l'on soit journaliste, salarié, pigiste, documentariste, photojournaliste. Et nous pouvons nous y atteler de chez nous.